Déc 1st, 2021

L’impact de la pandémie de COVID-19 sur le dépistage et le diagnostic du VIH en Ontario

La pandémie de COVID-19 a perturbé l’accès aux services de santé, notamment le dépistage du VIH et les soins cliniques. L’impact de la COVID-19 sur le dépistage, le diagnostic et les données de surveillance du VIH occulte les tendances et rend difficile d’interpréter l’état actuel de l’épidémie du VIH en Ontario.

En 2020, nous avons constaté :

  • une baisse de 26 % du nombre total de tests du VIH (de 677 254 en 2019 à 500 517 en 2020);
  • une baisse de 39 % du nombre de résultats positifs avec preuves antérieures de statut VIH[1] (de 239 à 146) – ce qui pourrait être dû à une baisse de la migration pendant la pandémie (moins de personnes s’établissant dans la province);
  • une baisse de 25 % du nombre de nouveaux diagnostics du VIH[2] (de 683 à 515) – ce qui pourrait être dû à la fois à des diagnostics manqués, à une diminution réelle des nouvelles infections (moins de transmission du VIH) et à un moins grand nombre d’erreurs de classification de diagnostics, principalement en raison de la réduction de la migration.[3]

Baisse du nombre de tests du VIH chez les hommes et les femmes en 2020

Cette baisse du nombre de tests de diagnostic du VIH est contraire à la tendance à la hausse de la dernière décennie.

Figure 1 : Tests de diagnostic du VIH selon le sexe et l’année, Ontario

Baisse du nombre de nouveaux diagnostics du VIH et de résultats positifs avec preuves antérieures de statut VIH en 2020

Le nombre de nouveaux diagnostics et de résultats positifs chez des personnes ayant des preuves antérieures de leur statut positif pour le VIH a diminué considérablement en 2020.

Figure 2 : Nombre de nouveaux diagnostics du VIH et de résultats positifs avec preuves antérieures de statut VIH, par année, Ontario

Le nombre de tests avec preuves antérieures de statut VIH a diminué pour la première fois depuis 2012. Ceci est probablement dû à une baisse de la migration : moins de personnes s’établissent en Ontario et se font dépister pour la première fois dans la province en raison de la pandémie.

La diminution du nombre de nouveaux diagnostics du VIH pourrait être due à trois facteurs :

  1. Certains diagnostics ont été manqués en raison de la réduction du dépistage. Certaines personnes pourraient ne pas avoir été diagnostiquées parce qu’elles n’ont pas accédé au dépistage, alors qu’elles l’auraient fait dans des circonstances normales (c’est-à-dire sans la COVID).
  2. Une réelle diminution de la transmission du VIH. L’Ontario a connu une baisse des nouveaux diagnostics en 2019. Étant donné qu’un plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH sont en suppression virale et que la PrEP est de plus en plus utilisée, une partie de la baisse de 2020 pourrait être due à une transmission locale réduite, notamment dans certains groupes d’hommes gais, bisexuels et d’autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (GBHRSH). De plus, les restrictions liées à la pandémie de COVID-19 ont probablement réduit la transmission du VIH.
  3. La réduction de la migration. Chaque année, certaines personnes ayant des preuves antérieures de statut VIH sont classées par erreur dans la catégorie des nouveaux diagnostics en raison d’informations manquantes dans leur historique de dépistage. En raison de la migration réduite en 2020, ces erreurs de classification ont été moins nombreuses, ce qui a contribué à une diminution générale du nombre de nouveaux diagnostics du VIH.

Les personnes à risque élevé ont continué à accéder au dépistage en 2020

Depuis une dizaine d’années, nous observions une baisse constante du taux de positivité chez les hommes. En 2020, le taux de positivité a augmenté chez les hommes, malgré une diminution de 29 % des tests de dépistage du VIH. Cela signifie que les hommes à risque élevé ont continué à accéder au dépistage. Il se peut également que les tests aient ciblé davantage les personnes à risque élevé ou présentant des symptômes.

Figure 3 : Taux de positivité des tests du VIH selon le sexe et l’année, Ontario

Aucune population prioritaire particulière ne semble avoir été affectée de manière disproportionnée par la réduction du dépistage du VIH

En 2020, un nombre important de formulaires de demande de test du VIH et de rapports de suivi n’ont pas été remplis complètement. Par conséquent, il nous manque certaines informations qui pourraient nous aider à comprendre les tendances de la transmission du VIH dans les populations, notamment l’historique de dépistage du VIH, les facteurs de risque pour le VIH et la race/ethnicité.

Priority populations are not mutually exclusive and therefore a diagnosis from a single individual can be assigned to more than one priority population. The percentage of first-time diagnoses that could not be assigned to a priority population due to missing information increased in 2020: from 14.8% to 20.2%. However, when we examine first-time diagnoses that could be assigned, we see little change in the distribution of diagnoses between 2020 and 2019. Gay, bisexual, and other men who have sex with men (GBMSM) continued to account for >60% of first-time diagnoses, and the decrease in the percentage of first-time HIV diagnoses attributed to African, Caribbean and Black (ACB) people, people who inject drugs (PWID), and Women in 2020 are within 5-year trends. In addition, ACB people and Women are more likely than other priority populations to have a previous HIV diagnosis at the time of their first HIV test in Ontario. This means that whereas in previous years, numbers of first-time HIV diagnoses in these priority populations were slightly inflated by misclassified first-time HIV diagnoses, the reduced migration in 2020 has reduced this element of inflation particularly for these two populations.

Figure 4 : Nouveaux diagnostics de VIH par population prioritaire, 2019 et 2020, Ontario

Pour saisir pleinement l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le dépistage, le diagnostic et le traitement du VIH – y compris les cas où des diagnostics ont pu être manqués – nous devrons examiner de plus près les données de 2020 et les informations de surveillance continue; nous présenterons des renseignements supplémentaires dans les rapports annuels de surveillance des diagnostics et du dépistage.


[1] Personnes qui connaissaient déjà leur statut VIH au moment de leur premier dépistage du VIH en Ontario (c.-à-d., personnes qui s’établissent en Ontario)

[2] Personnes recevant un diagnostic de VIH pour la première fois

[3] Chaque année, certaines personnes ayant des preuves antérieures de statut VIH sont classées par erreur dans la catégorie des nouveaux diagnostics en raison d’informations manquantes dans leur historique de dépistage.