Mar 9th, 2022

Un instantané des diagnostics de VIH et de la cascade des soins VIH parmi les femmes en Ontario

Pour commémorer la Journée de la sensibilisation au VIH/sida chez les femmes et les filles, l’Ontario HIV Epidemiology and Surveillance Initiative (OHESI) est heureuse d’offrir un instantané décrivant l’épidémie de VIH chez les femmes en Ontario. Le présent billet de blogue met en lumière des données de 2020 sur le dépistage du VIH, les diagnostics et la cascade des soins dans cette population.

Les femmes constituent l’une des populations prioritaires pour les programmes VIH en Ontario. Les femmes qui ont un plus grand risque d’exposition au VIH incluent :

  • Les femmes cisgenres, transgenres et bispirituelles qui font également partie d’une autre population prioritaire de l’Ontario pour le VIH :
    • femmes africaines, caraïbéennes et noires
    • femmes autochtones
    • femmes qui s’injectent des drogues
  • Les personnes trans et non binaires s’identifiant comme fem
  • D’autres femmes qui vivent des iniquités systémiques et sociales et qui sont plus susceptibles d’être exposées au VIH par un-e partenaire sexuel-le ou de consommation de drogues

Pour en savoir plus sur les efforts visant à prévenir le VIH et à améliorer les résultats pour les femmes vivant avec le VIH en Ontario, ou pour découvrir des moyens de renforcer les capacités des personnes travaillant aux soins et à la prévention, visitez le site de l’Initiative femmes et VIH/sida (IFVS/WHAI).

Messages clés :

  • En 2020, on comptait 4 288 femmes diagnostiquées d’infection à VIH et qui vivaient en Ontario, ce qui représente 22 % du nombre total de personnes diagnostiquées du VIH vivant dans la province.
  • Les femmes qui reçoivent un diagnostic de VIH en Ontario se répartissent en deux groupes distincts :
    • Celles qui ont été diagnostiquées pour la première fois en Ontario, qui sont plus susceptibles d’avoir contracté l’infection dans la province.
    • Celles qui vivent avec le VIH et qui ont été diagnostiquées ailleurs (c’est-à-dire qui avaient déjà des indications de VIH), qui ont probablement contracté l’infection à l’extérieur de l’Ontario.
  • Il est important de comprendre la nature de ces deux groupes pour :
    • planifier des soins holistiques, des traitements et d’autres services adaptés à la culture, pour les personnes qui connaissent déjà leur statut et pour celles qui sont nouvellement diagnostiquées; et
    • comprendre qui est à risque d’infection et utiliser ces informations pour renforcer les programmes ontariens de prévention et de dépistage.
  • Les tendances pour 2020 devraient être interprétées avec prudence. En raison de la pandémie de COVID-19, il y a eu une diminution du nombre de tests de dépistage du VIH, ce qui peut avoir entraîné certains diagnostics manqués. Il y a également eu une diminution importante de l’immigration, ce qui a eu une incidence sur le nombre de tests positifs chez des femmes qui avaient été diagnostiquées ailleurs et qui ont été dépistées à nouveau lorsqu’elles ont déménagé en Ontario. Pour plus d’informations sur l’interprétation des données de 2020, consultez notre billet de blogue sur L’impact de la pandémie de COVID-19 sur le dépistage et le diagnostic du VIH en Ontario.

Dépistage et diagnostic

  • Le dépistage du VIH parmi les femmes dans la province, en 2020, a diminué de 23 % (de 325 318 tests en 2019 à 249 655 en 2020); cependant, le nombre de personnes enceintes qui ont été dépistées pour le VIH est demeuré pratiquement identique (138 038 en 2019 et 138 299 en 2020).
  • Le nombre de premiers diagnostics chez des femmes ainsi que de résultats positifs pour celles qui avaient déjà des indications de VIH a connu une baisse en 2020. La diminution de la migration pendant la pandémie de COVID-19 a fait en sorte que moins de femmes qui connaissaient déjà leur statut VIH ont amorcé des soins dans la province; par ailleurs, la diminution du nombre de dépistages a entraîné une diminution du nombre de premiers diagnostics recensés.
  • Au moins 35 % des 142 femmes qui ont reçu un résultat positif au dépistage du VIH en 2020 connaissaient déjà leur séropositivité (avaient des indications de VIH) et ont commencé à recevoir des soins pour la première fois en Ontario, tandis que jusqu’à 65 % en étaient à leur premier diagnostic de VIH. Il est important de noter que lorsque l’information sur les antécédents de dépistage est manquante, la personne est classée par défaut dans la catégorie des nouveaux diagnostics de VIH. Par conséquent, ces chiffres surestiment probablement la proportion de personnes ayant reçu un premier diagnostic de VIH. En se basant sur les taux antérieurs de déclaration d’antécédents des tests, l’OHESI estime qu’approximativement 15 % des femmes classées dans la catégorie des premiers diagnostics de VIH avaient déjà été diagnostiquées ailleurs et connaissaient leur statut VIH.
  • En ce qui concerne spécifiquement les premiers diagnostics de VIH en 2020, environ un sur cinq concernait une femme. Cette proportion est semblable à celle des premiers diagnostics chez des femmes pour la période comprise entre 2016 et 2020, qui était en moyenne de 21 %.
  • Des 105 femmes ayant reçu un premier diagnostic de VIH en Ontario en 2020, des renseignements démographiques sur la race étaient déclarés dans 54 cas. De celles-ci, la plupart (24 femmes, soit 44,4 %) étaient noires; suivaient les femmes blanches (17, soit 31,5 %) et les femmes autochtones (7, soit 13 %).
  • Parmi les femmes qui ont reçu un premier diagnostic de VIH en Ontario en 2020 et au sujet desquelles la catégorie d’exposition au VIH était déclarée, la plupart (31, soit 52,5 %) ont déclaré avoir été exposées par contact hétérosexuel comportant un risque identifié.2
  • En comparaison avec l’année 2019, le nombre de premiers diagnostics de VIH chez des femmes en Ontario en 2020 a diminué dans toutes les régions; toutefois, la baisse a été plus marquée dans certaines régions (Toronto) que dans d’autres (Nord).

Cascade des soins VIH

  • Quel est le degré d’implication dans la cascade des soins VIH parmi les femmes diagnostiquées d’infection à VIH? En date de 2020, on comptait 4 288 femmes diagnostiquées du VIH et vivant en Ontario. Des femmes diagnostiquées, 3 812 (88,9 %) recevaient des soins, 3 678 (85,8 %) étaient sous traitement antirétroviral (TAR) et 3 565 (83,1 %) avaient une charge virale supprimée.
  • En ce qui concerne les Cibles 90-90-90 de l’ONUSIDA (que 90 % des personnes vivant avec le VIH soient diagnostiquées; que 90 % des personnes diagnostiquées suivaient un ARV; et que 90 % des personnes recevant un TAR aient atteint la suppression virale), les estimations n’ont pas été complétées pour la portion de femmes non diagnostiquées en 2020. Pour ce qui est des deux cibles suivantes, 85,8 % des femmes diagnostiquées du VIH étaient sous TAR et 96,9 % de cette portion sous TAR avait une charge virale indétectable.
  • En comparant la période de deux ans 2014-2015 et celle de 2018-2019, nous observons que la proportion des femmes diagnostiquées du VIH qui ont été arrimées à des soins dans les trois mois suivant leur diagnostic a augmenté de 75,5 % à 82,6 %, et que la proportion ayant une charge virale indétectable dans les six mois suivant leur diagnostic a augmenté de 38,3 % à 61,5 %.

Tendances en matière de VIH parmi les femmes en Ontario

Tendances du dépistage du VIH parmi les femmes

Les taux de dépistage ont toujours été élevés parmi les femmes, en Ontario, et continuent d’augmenter avec le temps. En raison de la pandémie, le dépistage du VIH en Ontario a connu une baisse – le nombre de dépistages effectués (excluant les dépistages prénatals) a diminué de 23 %.

Le programme de dépistage prénatal du VIH en Ontario est solide. Plus de 97 % des personnes enceintes ont reçu un test de dépistage du VIH avant de donner naissance. Le nombre de personnes enceintes ayant passé un dépistage prénatal du VIH en 2020 était de 138 229; on ne note pratiquement aucun changement à ce chapitre entre 2019 et 2020. 

Figure 1. Nombre de dépistages du VIH (en milliers) chez des femmes, Ontario, 2011-2020

Tendances du nombre de femmes diagnostiquées d’infection à VIH

La diminution du nombre de dépistages effectués a probablement influencé le nombre de femmes recevant un premier diagnostic en 2020. De plus, la diminution de l’immigration et de la migration en 2020 a entraîné une baisse du nombre de tests positifs avec indications antérieures de VIH.

Du total de 142 dépistages positifs pour le VIH chez des femmes de l’Ontario en 2020, au moins 37 (35,2 %) concernaient des femmes qui savaient déjà qu’elles avaient le VIH – c.-à-d. des femmes diagnostiquées ailleurs et qui commençaient à recevoir des soins en Ontario; et 105 (64,8 %) ont été considérés comme de premiers diagnostics de VIH, ce qui signifie que ces femmes étaient plus susceptibles d’avoir contracté le VIH en Ontario. En se basant sur les taux antérieurs de déclaration d’antécédents des tests, l’OHESI estime qu’approximativement 15 % des femmes classées dans la catégorie des premiers diagnostics de VIH entre 2010 et 2019 savaient déjà qu’elles avaient le VIH avant d’obtenir un résultat positif à leur dépistage en Ontario.

En 2019, le nombre de dépistages positifs pour le VIH chez les femmes qui connaissaient déjà leur statut sérologique a été 2,6 fois plus élevé qu’en 2016; toutefois, en 2020, ce nombre a diminué et est revenu à ce qui avait été observé plus tôt dans la présente décennie.

En 2020, les femmes représentaient environ un cinquième du nombre de premiers diagnostics de VIH (21 %) et cette proportion est demeurée relativement stable entre 2016 et 2020, avec une moyenne de 21 %.

Figure 2. Nombre de premiers diagnostics de VIH et de personnes ayant des indications antérieures de VIH, parmi les femmes en Ontario, 2011-2020

La majorité des femmes recevant un premier diagnostic de VIH ont déclaré avoir eu des contacts hétérosexuels avec risque identifié

On a signalé une catégorie d’exposition au VIH dans 59 des 105 cas déclarés de premier diagnostic, en 2020, dont 31 (52,5 %) déclaraient un contact hétérosexuel avec risque identifié;2 15 (25,4 %) une consommation de drogues par injection; et 13 (22,0 %) un contact hétérosexuel sans risque identifié.2 Cette tendance est très semblable à celle des années précédentes : la pandémie de COVID-19 ne semble pas avoir touché une catégorie de manière disproportionnée.

Figure 3a. Nombre de premiers diagnostics de VIH chez des femmes, selon la catégorie d’exposition (lorsque déclarée), Ontario, 2016-2020

Figure 3b. Pourcentage de premiers diagnostics de VIH chez des femmes, selon la catégorie d’exposition (lorsque déclarée), Ontario, 2016-2020

2 « Risque identifié » signifie que : soit le pays de naissance de l’individu est déclaré comme étant un pays où le VIH est endémique, soit le/la partenaire sexuel-le de l’individu, de sexe/genre différent, est déclaré-e comme présentant au moins une des caractéristiques suivantes : séropositif(-ve); consommateur(-trice) de drogues par injection; né-e dans un pays où le VIH est endémique; ou homme bisexuel.

Parmi les premiers diagnostics de VIH chez des femmes, la plus grande proportion se compose de femmes noires

La race/ethnicité a été rapportée pour 54 des 105 cas de premier diagnostic chez des femmes en 2020. Parmi celles-ci, 24 (44,4 %) étaient des Noires, 17 (31,5 %) étaient des Blanches, 13,0 % (7) étaient des Autochtones et 11,1 % (6) étaient des femmes d’autres races/ethnies. Aucune information sur la race n’était signalée pour les 51 autres, en 2020. Ces proportions se situent toutes dans les limites des tendances quinquennales et, comme les chiffres sont plus faibles pour les femmes, de faibles variations par année peuvent ne pas indiquer une tendance.

Figure 4a. Nombre de premiers diagnostics de VIH selon la race/ethnicité, femmes, Ontario, 2016-2020

Figure 4b. Pourcentage de premiers diagnostics de VIH selon la race/ethnicité (lorsque déclarée), femmes, Ontario, 2016-2020

Baisse du nombre de femmes recevant un premier diagnostic de VIH dans toutes les régions

En 2020, le nombre de premiers diagnostics de VIH chez des femmes a diminué par rapport à 2019, et ce dans toutes les régions. Les régions de l’Est (2), de Toronto (40) et du Centre-Est (15) ont connu les diminutions relatives les plus importantes, tandis que les régions d’Ottawa (16) et du Nord (14) ont connu des diminutions relatives plus faibles. Les chiffres plus faibles en 2020 peuvent être dus à un ensemble de facteurs, qui peuvent différer selon les régions, notamment : une véritable diminution des infections par le VIH; moins de tests pendant la pandémie de COVID-19; ou des informations manquantes sur l’historique de dépistage, au cours des années précédentes, qui peuvent avoir conduit à classer à tort davantage de femmes dans la catégorie des premiers diagnostics. Les tendances doivent être interprétées avec prudence et seront mieux comprises lorsque les données seront suivies dans le temps et après la pandémie.

Figure 5. Nombre de premiers diagnostics de VIH chez des femmes, par région, Ontario, 2016-2020


La cascade des soins VIH parmi les femmes

La cascade des soins VIH est un moyen d’évaluer si toutes les personnes vivant avec le VIH en Ontario reçoivent des soins appropriés et ont la possibilité d’obtenir de bons résultats de santé. Cette cascade surveille trois indicateurs clés : la proportion de personnes diagnostiquées séropositives qui sont prises en charge, la proportion de personnes séropositives qui suivent un traitement antirétroviral (TAR) et la proportion de celles qui ont atteint la suppression virale (ce qui protège leur santé et prévient la transmission du VIH à leurs partenaires sexuel-les).

Plus de 4000 femmes diagnostiquées du VIH vivaient en Ontario en 2020

On comptait en 2020 un total de 4 288 femmes diagnostiquées du VIH qui vivaient en Ontario. Parmi les femmes diagnostiquées, 3 812 (88,9 %) recevaient des soins, 3 678 (85,8 %) suivaient un traitement antirétroviral et 3 565 (83,1 %) avaient une charge virale supprimée. Les taux élevés d’implication dans les soins et le traitement signifient que la plupart des personnes vivant avec le VIH ont atteint la suppression virale et ne peuvent pas transmettre le virus à d’autres par contact sexuel.

Figure 6. Nombre de femmes diagnostiquées du VIH, recevant des soins, sous traitement antirétroviral (TAR), et qui ont atteint la suppression virale, Ontario, 2020

La plupart des femmes diagnostiquées du VIH et vivant en Ontario recevaient des soins, étaient sous TAR et avaient une charge virale supprimée en 2020

Les Cibles 90-90-90 de l’ONUSIDA sont établies au palier mondial afin de comparer la prévention et le traitement du VIH entre pays. L’objectif est que 90 % des personnes vivant avec le VIH soient diagnostiquées, que 90 % des personnes diagnostiquées du VIH suivent un traitement antirétroviral et que 90 % du nombre de personnes sous traitement aient atteint la suppression virale. Les estimations n’ont pas été complétées pour la fraction non diagnostiquée en 2020 chez les femmes. Quant aux deux autres cibles : 85,8 % des femmes diagnostiquées du VIH étaient sous traitement antirétroviral, et 96,9 % avaient une charge virale supprimée (C.V. <200 copies/ml).

Figure 7. Cibles 90-90-90 de l’ONUSIDA, femmes, Ontario, 2020


Les femmes qui reçoivent un diagnostic de VIH sont reliées à des soins et atteignent la suppression virale plus rapidement

Entre la période de deux ans 2014-2015 et celle de 2018-2019, la proportion des femmes diagnostiquées du VIH qui ont été arrimées à des soins dans les trois mois suivant diagnostic a augmenté de 75,5 % à 82,6 %.

Figure 8. Pourcentage des femmes diagnostiquées du VIH qui sont arrimées à des soins dans les 3 mois suivant le diagnostic, Ontario, de 2014-2015 à 2018-2019

Entre la période de deux ans 2014-2015 et celle de 2018-2019, la proportion des femmes diagnostiquées du VIH qui ont atteint la suppression virale dans les six mois suivant le diagnostic a augmenté de 38,3 % à 61,5 %.

Figure 9. Pourcentage des femmes diagnostiquées du VIH qui ont atteint la suppression virale dans les 6 mois suivant le diagnostic, Ontario, de 2014-2015 à 2018-2019

1 Entre 2011 et 2020, le sexe n’a pas été inclus dans la déclaration de moins de 1 % du nombre annuel de premiers diagnostics de VIH. Les données illustrées sont celles pour lesquelles le sexe a été déclaré.

Vous retrouverez ces informations et plus encore dans nos rapports à paraître sur le dépistage et le diagnostic en 2020!

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L’OHESI est le fruit d’une collaboration entre les Programmes sur le sida et l’hépatite C du ministère de la Santé de l’Ontario, Santé publique Ontario, l’Agence de la santé publique du Canada et le Réseau ontarien de traitement du VIH. Elle a pour objectifs d’analyser et de surveiller l’épidémie du VIH en Ontario, et de disséminer des produits de connaissances sur le sujet.

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Pour commémorer la Journée de la sensibilisation au VIH/sida chez les femmes et les filles, l’OHESI publie de nouvelles données sur le VIH parmi les femmes en Ontario

Ce billet de blogue décrit l’épidémie de VIH parmi les femmes en Ontario et présente de nouvelles données sur les dépistages et diagnostics de VIH ainsi que la cascade des soins VIH chez les femmes.

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L’OHESI est le fruit d’une collaboration entre les Programmes sur le sida et l’hépatite C du ministère de la Santé de l’Ontario, Santé publique Ontario, l’Agence de la santé publique du Canada et l’Unité d’épidémiologie appliquée du Réseau ontarien de traitement du VIH. Elle a pour objectifs d’analyser et de surveiller l’épidémie du VIH en Ontario, et de disséminer des produits de connaissances sur le sujet.